Artistes : Ismaïl Bahri, Michel François, Sylvain Fraysse, François Moulignat et Sarah Vialle Commissariat : Rahmouna Boutayeb et François Moulignat
L’exposition rassemble un corpus d’œuvres qui chacune à leur manière renvoi à la question
de « l’aura de l’œuvre d’art ». L’aura est une des notions essentielles du livre de Walter
Benjamin L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Pour Sylvain Fraysse elle
est « l’unique apparition d’un lointain. Si proche soit-il, le lointain est indéterminé. Elle
restitue l’expérience d’un immémorial, d’un langage perdu, d’un nom secret ou d’un sacré qui
fait l’objet d’un culte et est intimement liée à la question de l’authenticité contenue dans ce
qu’elle a de transmissible par son origine, de sa durée matérielle à son pouvoir de témoignage
historique. L’unicité d’une œuvre tient du lieu où elle se trouve. Or, en art pariétal, il existe
différents états à la notion d’ « original ». Du fait de son extraordinaire état de conservation,
la grotte Chauvet fut dès sa découverte drastiquement protégée. Face à ce devoir
d’inaccessibilité, une réplique a été construite. Si l’on suit le raisonnement de Benjamin, la
réplique de la grotte Chauvet tient de par l’hybridité de sa conception à la fois du faux
(reproduction manuelle n’altérant pas l’autorité de l’original) et de la copie (processus
technologique). En créant une empreinte délocalisée de l’objet, on crée ce que Georges Didi-
Huberman définit comme une ‘dissémination’ . Il y a dans la copie, dans ‘l’empreinte’, quelque
chose qui nous parle du contact comme lien avec l’évocation de l’objet et de la perte de celui-
ci. Même si il est très ressemblant (il est comme présent), le site original n’est pas là. »