L’exposition Les pionniers a été conçue dans la continuité du chantier de reconditionnement, mené au printemps 2025, du riche fonds d’archives du musée d’Ensérune.
Elle permet de brosser le tableau d’une période particulière, de la fin du XIXème s. à la Seconde Guerre mondiale, avec un focus sur les années 30, au moment où est créé à Ensérune, un des premiers musées nationaux d’archéologie en France.
Les premières recherches sur l’oppidum d’Ensérune débutent en 1842 sous l’égide de l’abbé Alexandre Ginièis, curé de Montady (34). Il explore l’oppidum et identifie avec une étonnante acuité nécropole, silos et mosaïques. Son travail inspire Henri Rouzaud, de la commission archéologique de Narbonne, qui intervient brièvement en 1909. En 1915, un érudit local, Félix Mouret achète une parcelle de vigne ou il découvre plusieurs tombes et commence à constituer une collection exceptionnelle. Il contacte, à Toulouse, le préhistorien Émile Cartailhac, qui l’assiste scientifiquement. En 1916, la découverte de vases grecs amène le déplacement d’une mission d’experts de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres. Edmond Pottier du Louvre, Emile Cartailhac du musée Saint-Raymond de Toulouse (31), Salomon Reinach du musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye (78) valident l’importance du site. De 1915 à 1924, Félix Mouret met au jour plus de 330 sépultures et fait publier, à Paris, avec le soutien d’Edmond Pottier, un volume du Corpus Vasorum Antiquorum en 1927.
À partir de 1924, les fouilles sont encadrées par l’architecte Jules Formigé avec l’appui de l’abbé Louis Sigal. Ce dernier, professeur de latin et grec à Narbonne (11), poursuit les recherches pendant deux décennies. Soutenu par le ministère des Beaux-Arts, qui classe Ensérune « premier gisement archéologique de France », il conduit des fouilles méthodiques en explorant les versants nord et sud de la colline, mettant au jour un urbanisme structuré : rues, remparts, maisons à étages, silos, citernes, systèmes de stockage et canalisations. Son approche est novatrice par sa prise en compte de la stratigraphie et par la qualité des relevés et photos.
L’extension du musée, en 1938, permet de dégager un quartier avec ruelles, placette et décors muraux conservés in situ dans une crypte, une première en France.
Ces décennies de recherches posent les fondations de la connaissance actuelle sur Ensérune, site majeur du Midi antique.