Fête de la musique 2024
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À l’instar de l’intégration mathématique permettant de calculer les courbes de fonctions de plus en plus complexes, Edgard Varèse étudie, avec Intégrales, les relations changeantes, mouvantes, mais interdépendantes entre deux groupes d’instruments, 11 vents et 17 percussions. «La pièce est conçue, précise le compositeur, comme une série de variations où les changements auraient résulté de légères altérations de la forme d’une fonction ou de la transposition d’une fonction à l’autre.» À la fin du XVIIIe siècle, il suffisait de trois instruments à percussion pour évoquer ce que l’on pouvait alors imaginer de plus exotique, les «turqueries». Joseph Haydn utilisa ce groupe d’instruments pour sa Symphonie n°100, dite «militaire», laquelle, au moment de sa composition en 1794, était d’une criante actualité puisque la Guerre de la Première Coalition (incluant le Royaume-Uni dont la capitale Londres accueillit avec enthousiasme le compositeur autrichien) faisait rage sur le continent. L’extraordinaire Concerto pour deux violons (1950) de Bohuslav Martinů est certes composé pour deux violons, mais ce sont deux violons jumeaux, voire jumeaux siamois, tant est spectaculaire l’écriture destinée, dirait-on, à un violon «à quatre mains». Prodigieux !