Sébastien Pageot nous emmène dans le réel, ou plutôt dans sa représentation, son illusion.
Sébastien Pageot photographie l’espace, les non-lieux, mais aussi les paysages investis comme le littoral. Par son travail, il questionne la frontière entre réalité et illusion, mettant en exergue la manière dont nous percevons et reconstruisons notre environnement. L’artiste, en génial bricoleur, fabrique un réel plausible. La main reconstruit une réalité, la photographie brouille notre perception, mixe le réel. Loin de l’illusion trompeuse, le fabriquant d’images ne nous cache pas les accidents graphiques, le grain de la création, les imperfections volontaires qui donnent toute sa matière à l’image. C’est cette résistance du medium qui invite à une lecture critique. Ainsi, la singularité de son regard nous révèle la vérité du faux et l’illusion du vrai, ou plutôt de sa représentation. L’illusion du réel devient alors le véritable sujet, faisant du point de vue une pierre angulaire de la photographie. Ce "petit pas de côté", ce décalage du regard, fait toute la force de l’artiste.
Le travail de Sébastien Pageot s’inscrit dans cette zone hybride entre document et récit fictionnel. Ses images ne sont ni de simples captations ni de pures inventions; elles déroulent un fil narratif où la vérité se construit autant qu’elle se questionne. En ce sens, son travail est salutaire : il nous oblige à interroger notre rapport à l’image, à ce que nous croyons voir et à ce qui nous est donné à voir. Il déconstruit l’évidence, révèle les illusions, et par là même, nous offre une réflexion essentielle sur la nature de notre regard.